À même pas 40 ans, Julien Barbagallo a sillonné les scènes et les festivals du monde entier, baguettes à la main. Batteur plébiscité aux plus de 700 concerts avec Tame Impala, Tahiti 80, Aquaserge ou Bertrand Burgalat, il sort Garde-fou, son cinquième album annoncé pour le 15 mars 2024, une production home-made enregistrée en solo depuis son exil australien, à l’ombre des grands arbres d’une petite bourgade gorgée de soleil de la côte Est. Bien qu’il ait quitté son Albi natal et la maison qu’il partageait avec des amis musiciens dans la campagne lauragaise pour s’installer en famille à l’autre bout du monde, Barbagallo continue de cultiver son amour pour les mots, la poésie et les mélodies élégantes. Auteur-compositeur multi instrumentiste, il aime la pop bien léchée de Genesis, faire du paddle au dessus des raies manta, les mélodies baroques à la Daft Punk, les aventures du Commandant Cousteau et ramasser des mangues dans son jardin. Il aime aussi la littérature, le passé, les souvenirs qui s’effacent ou réapparaissent. Avec ses chansons, il essaie de retenir le temps qui passe, tente de s’accrocher aux petites choses de la vie, à l’amour, l’amitié, pour se délecter des petits bonheurs, même fugaces.
À même pas 40 ans, Julien Barbagallo a sillonné les scènes et les festivals du monde entier, baguettes à la main. Batteur plébiscité aux plus de 700 concerts avec Tame Impala, Tahiti 80, Aquaserge ou Bertrand Burgalat, il sort Garde-fou, son cinquième album annoncé pour le 15 mars 2024, une production home-made enregistrée en solo depuis son exil australien, à l’ombre des grands arbres d’une petite bourgade gorgée de soleil de la côte Est. Bien qu’il ait quitté son Albi natal et la maison qu’il partageait avec des amis musiciens dans la campagne lauragaise pour s’installer en famille à l’autre bout du monde, Barbagallo continue de cultiver son amour pour les mots, la poésie et les mélodies élégantes. Auteur-compositeur multi instrumentiste, il aime la pop bien léchée de Genesis, faire du paddle au dessus des raies manta, les mélodies baroques à la Daft Punk, les aventures du Commandant Cousteau et ramasser des mangues dans son jardin. Il aime aussi la littérature, le passé, les souvenirs qui s’effacent ou réapparaissent. Avec ses chansons, il essaie de retenir le temps qui passe, tente de s’accrocher aux petites choses de la vie, à l’amour, l’amitié, pour se délecter des petits bonheurs, même fugaces.
Garde-fou est une invitation à venir passer un tête à tête avec un rêveur éveillé, un ami perdu de vue, un confident hors du temps. Le rythme est souvent enlevé, les mélodies ensoleillées et la voix douce et englobante mais derrière cette lumière, ce timbre particulier, se cache le chaos d’un monde difficile, sujet aux incendies, instable et implacable. Nous, qui sommes comme des enfants, impatients et imprudents, avons besoin d’une parole claire et protectrice, alors Barbagallo se réinvente en doux baladin, poète précis de l’émotion. Il voit le temps qui passe, l’usure du beau et du meilleur, mais veut sauver, consacrer l’amour et continuer la quête de la vérité qui reste illisible. Ce n’est pas un combat perdu d’avance, c’est la vie, nous dit-il sans cesse.
Tout commence comme une croisière, les premières notes de Trafalgar nous emportent dans une joie communicative, construisant un décor accueillant sans détour, sans message ou code vaporeux à décrypter. Il suffit de quelques ruptures mélodiques pour installer un climat qui restera sur tout le disque, comme des rappels de ce que la vie aurait pu être si nous avions pris ce chemin, si nous avions choisi de faire de cette rencontre d’un moment une vie entière passée ensemble. Imagine, je nous vois. Cosi é la vita continue dans ce sillon du temps de l’existence, mais dans lequel nous voyons des enfants grandir auprès de nous, et à ces «paradis» comme il les appelle, il offre des paroles qui rassurent et qui préviennent pour aboutir à un merveilleux credo en italien, fait de victoires et de défaites, fait d’amour surtout. Nuit après nuit vient comme une première apothéose et jouant sur des rythmes jubilatoires, nous cueillir dans la fragilité du moment et nous dire avec joie la tristesse de nos vies qui s’effeuillent, s’usent mais n’appartiennent qu’à nous. Avec Alcyone, c’est l’ascension qui s’opère, à travers des arpèges côtoyant le merveilleux, nous entrons dans un nouvel univers, celui des grandes hauteurs, comme en apesanteur maintenant, préparé pour la suite, nous visitons une étoile. La gratitude, quand elle s’exprime confère au religieux, dans Je dis merci on peut entendre une énergie contenue qui se relâche, une émotion d’enfants qui voudrait embrasser le monde entier, le bien plus grand, l’infini. Pas de destin, pas de hasard intervient alors pour répondre à nos questions existentielles par une autre interrogation, mais derrière cette balle au centre que le chanteur nous donne, derrière ce monde incompréhensible, il appose un geste de confiance, ce futur pour les mains est une nouvelle façon d’habiter le réel. Le tout est traduit par une envolée folle et progressive, nous sommes comme sonnés par les mélopées juxtaposées et la rudesse du décollage. Des rêves arrive pendant l’extase, véritable morceau de sensualité, on s’y sent invité et délicatement voyeur, participant d’un jeu amoureux.
L’atmosphère est gentiment matinale, au corps en éveil rien n’ose s’opposer et encore cette voix douce nous enserre de tous cotés. Il est bon de se laisser aller et rien ne peut nous arriver ici, dans la sueur d’un rêve coloré et délicieux. L’ami oublié est une leçon, d’amitié bien sûr et de vie en général. Reprise d’Angelo Branduardi, paroles d'Etienne Roda-Gil, on y découvre une figure qu’on dirait sortir d’un moyen-âge imaginaire, un homme ayant fait le choix d’une vie retirée du monde, mais qui garde sa porte ouverte pour des amis de passage, un monolithe qui laisse couler sur lui les horreurs du monde mais qui n’éteint jamais le flambeau de l’humanité toute entière. La mort d’un Roi, tableau de maître peint avec des pinceaux de métal. On y devine deux corps faisant l’amour pendant qu’au dehors, la rage s’abat sur un Roi, ce n’est pas clair mais nous ne sortirons pas pour aller voir. Les choeurs accompagnés de guitare classique qui versent ensuite dans une progression presque mystique donne le ton d’un sentiment épique et paroxysmique. Après cet acmé révolutionnaire, La joie fait peser toute une étoile brûlante sur nos yeux comme un adieu sur ce disque sublime. Barbagallo s’y livre comme jamais, osant la promesse ultime de consacrer tout son amour pour le temps qui reste. Ce n’est pas simplement une chanson d’amour, elle est chargée du tragique de l’existence, de l’inquiétant futur, de l’étrange vérité, de la vie elle-même, délicatement sauvage.
Je m’allongerais dans la vie simple et dans les grandes vérités. Garde-fou est un programme, derrière toutes ses ascensions, et ses vertiges, ses émotions et ses forces telluriques, il y a un homme qui recherche la clarté du monde qui l’entoure, à travers la lumière d’un Dieu mutique ou celle d’un regard d’enfant. Sachant que cette quête, forcément chevaleresque le conduira dans les dangers des forces visibles et invisibles, il se protège lui et les autres, les personnes qu’il prend sous son aile, sa plume, ses notes de musique et de percussions, en se faisant lui-même le garde-fou du rêveur qu’il était autrefois. C’est un disque-voyage, initiatique et merveilleux, à la recherche d’une vérité et d’une bonté nouvelle pour ce monde, un disque auquel nous pouvons à notre tour, dire simplement merci.
Arthur Navellou du groupe Catastrophe